Bon voyage

 

Bien que le frère de Cortez lui ait déconseillé d’impliquer qui que ce soit d’autre, Sandford disposait d’un allié en la personne du semi-démon Friesen. Moins d’une demi-heure après que Sandford m’avait de nouveau laissée seule, Friesen était entré. Sans un mot, il m’avait jetée sur son épaule. Il m’avait transportée hors de la pièce avant de traverser le sous-sol en direction d’une trappe très semblable à celle de chez moi, et m’avait fait passer par là.

Je dégringolai dans un jardin envahi par les mauvaises herbes. Après mon séjour prolongé dans la pénombre, l’éclat du soleil me fit larmoyer. Je luttai pour me dégager de mes liens mais ils étaient trop serrés. Friesen se hissa par la trappe, me souleva, ignorant la façon dont je me débattais, et traversa la cour en direction de la grange. Une camionnette l’y attendait. Ainsi que Gabriel Sandford. Tandis que Friesen me transportait vers le véhicule, Sandford ferma son téléphone portable d’un coup sec.

— C’est fait, déclara Sandford. Il rejoindra la cabane dans deux heures.

Friesen hocha la tête. Me portant toujours sur son épaule, il ouvrit la portière arrière de la camionnette, me déposa à l’intérieur, visage tourné vers le plafond, puis recula. Son regard me balaya lentement, s’arrêtant sur ma poitrine et mes jambes dénudées.

— Fermez la portière et allons-y, dit Sandford, avant qu’on remarque sa disparition.

Friesen me regarda une nouvelle fois lentement de la tête aux pieds, puis dirigea son regard vers Sandford.

— J’étais juste en train de me dire… Vous envoyez une vidéo à Lucas Cortez, c’est bien ça ? De sa mort ? Vous ne voulez pas… vous savez… la pimenter un peu ? (Son regard se posa de nouveau sur moi, habité d’une lueur avide.) Je peux faire ça pour vous.

— Faire quoi ? (Puis Sandford remarqua la façon dont Friesen me regardait et ses lèvres se retroussèrent.) Le viol ne faisait pas et ne fera pas partie du marché. Contentez-vous de la conduire à la cabane et laissez le professionnel faire son travail.

— Mais quel gâchis, vous ne trouvez pas ?

— Non, je préfère ne pas y penser du tout, merci beaucoup. (Sandford fit mine de se détourner mais fronça ensuite les sourcils en regardant Friesen qui me toisait toujours comme si j’étais un buffet gratuit. Il secoua la tête et leva les bras au ciel.) Oh et puis merde, faites ce que vous voulez – mais faites-le loin de la maison et avant d’atteindre la cabane, d’accord ? Vous avez deux heures. Maintenant, mettez-vous en route.

Friesen sourit et claqua la portière.

 

Tandis qu’on démarrait pour s’éloigner de la maison, je me mis à compter. Je devais sortir d’ici avant que Friesen soit assez loin pour se garer, et si je me fiais à sa façon de me reluquer, il n’attendrait pas plus que nécessaire.

Quand j’arrivai à cent, je décidai que nous étions hors de vue de la maison, fermai les yeux et me concentrai pour jeter mentalement mon sort d’asphyxie en le dirigeant vers Friesen. Rien ne se produisit, ce qui ne m’étonna guère puisque je ne pouvais pas parler. Mais dans la maison, quelqu’un avait jeté une boule de feu. Comme le sort provenait de mes grimoires secrets, ça devait être moi, bien que j’ignore comment je m’y étais prise. Ma fureur s’était-elle manifestée sous la forme d’un sort lancé à mon insu ? Je l’espérais, tout comme j’espérais être en mesure de le refaire, en choisissant cette fois mon sort.

La camionnette ralentit puis se gara en bord de route. Déjà ?! Nous n’étions sans doute pas à plus de huit cents mètres de la maison. Friesen arrêta le véhicule. Puis il pivota, déboucla sa ceinture de sécurité et se glissa entre les sièges avant. Je luttai contre l’impulsion de me débattre et me concentrai tout entière sur l’incantation mentale. Rien ne se produisit.

Friesen se dressa au-dessus de moi. Je reculai légèrement sur le sol.

— Pas encore, chérie, dit-il en s’accroupissant au-dessus de moi. Ne t’inquiète pas. Je vais juste te regarder d’un peu plus près.

Tandis qu’il déboutonnait mon chemisier, je me tortillai sans réussir à bouger assez ne serait-ce que pour gêner ses mouvements. Il ouvrit mon chemisier et sourit.

— Rouge, déclara-t-il, le regard scotché à mon soutien-gorge. Le noir, c’est pas mal, et le blanc c’est plutôt chouette, mais rien ne vaut une fille qui porte du rouge. (Il fit courir un doigt le long du bonnet.) De la soie, je parie. Une fille qui sait vraiment s’habiller.

Tandis qu’il essayait d’ouvrir le fermoir de devant, je crispai les paupières et me concentrai sur un sort, n’importe lequel. Mon soutien-gorge s’ouvrit d’un coup. Friesen inspira vivement.

J’ouvris les yeux et tentai de lui échapper. Il tendit la main vers mes seins mais s’arrêta avant que ses doigts les atteignent. Il garda un moment sa main en place, puis serra le poing et la retira.

— Pas encore, murmura-t-il. Amusons-nous encore un peu.

Il me saisit par les hanches. Je lui donnai un coup de pied mais il se contenta de me placer face à l’avant de la camionnette. Puis il souleva ma jupe jusqu’au niveau de mes hanches. J’eus beau me tortiller et regimber pour lui échapper, son sourire ne fit que redoubler.

— De la soie rouge, dit-il en gloussant de rire tandis qu’il touchait mes sous-vêtements. Culotte assortie, bien sûr. Très joli. Pauvre Lucas. Ce garçon ne comprendra sans doute pas ce qui va lui tomber dessus. Mais tu savais ce que tu faisais, chérie, je dois te reconnaître ça. Un billet de première classe pour la belle vie… même si ça impliquait de baiser avec l’autre crétin. (Il sourit et passa le doigt le long de ma cuisse.) Quitte à ce que tu t’en ailles, je ferais tout aussi bien de t’accorder des adieux dignes de ce nom.

Il me regarda une nouvelle fois puis se redressa et regagna le siège du passager. Lorsque la camionnette rejoignit la route, il rajusta le rétroviseur afin de me voir.

— Voilà qui est mieux. On ne peut pas rêver d’une meilleure vue.

Ma peur se concentra en une fureur aveugle.

Le véhicule dévia vers le bas-côté. Friesen jura. Ma tête se souleva puis retomba sur le sol métallique. Quelque chose s’enfonça dans mon cuir chevelu tandis que Friesen ramenait la camionnette sur la route.

— Et merde, dit-il en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur et en gloussant. Ça me distrait beaucoup plus que je n’aurais cru.

L’entaille me causait des élancements dans le cuir chevelu. Je me tortillai pour voir le coin d’une bande métallique saillir du flanc de la camionnette. Je me glissai péniblement vers le haut jusqu’à ce que mon bâillon se retrouve au niveau de ce morceau de métal. Puis je soulevai la tête pour tenter d’y accrocher le bout de tissu. La camionnette rencontra une suite d’ornières et le métal m’entailla la joue.

Friesen reporta son attention sur le rétroviseur. Je m’arrêtai et patientai jusqu’à ce qu’il ait regardé tout son saoul et se concentre de nouveau sur la conduite. Je frottai ma joue contre la bande de métal. Cette fois, le bâillon s’y accrocha.

Je m’efforçai de faire descendre le bâillon jusqu’à ma lèvre inférieure. Puis le véhicule roula sur une bosse et le métal déchira le tissu. Je fis travailler ma mâchoire jusqu’à libérer suffisamment ma bouche pour me permettre de marmonner, et lançai le sort d’asphyxie. Friesen se mit à tousser. Je me figeai.

Il jeta un nouveau coup d’œil dans le rétroviseur et sourit.

— On dirait que me voilà un peu essoufflé. Ça doit être cette culotte rouge. Voyons si je trouve un endroit où me garer.

Comme il détournait le regard, je lançai de nouveau mon sort. Sans effet. Je m’empressai de le relancer. Il toussa, puis sa respiration se fit sifflante. La camionnette décrivit une embardée. Friesen lutta pour la maintenir sur la route, cherchant son air pendant ce qui me sembla une éternité. Puis le véhicule quitta enfin la route et atteignit l’herbe avec un bruit sourd.

Le côté droit pencha. L’espace d’un instant, la camionnette continua à glisser lentement dans le fossé. Le monde se mit à tournoyer. Je me retrouvai projetée loin du sol, heurtai le côté, puis le toit, ballottée dans toute la camionnette jusqu’à ne plus savoir où étaient le haut et le bas. Enfin tout s’arrêta.

Quand je levai la tête, les sièges se trouvaient au-dessus de moi. Le véhicule s’était renversé sur le toit. Je remuai, cherchant à me retourner sur le dos. La camionnette gémit et trembla, avant de s’immobiliser.

Je regardai autour de moi, en quête d’un éclat acéré qui se soit détaché. La vitre la plus proche de moi s’était brisée, mais c’était du verre de sécurité – donc inutilisable. Je regardai au-dessus de moi. L’un des sièges était défoncé, exposant une tige métallique qui paraissait suffisamment acérée. Il me fallut une vingtaine de minutes et pas mal de jurons pour réussir enfin à trancher les liens qui me retenaient les mains. Je libérai mes jambes et me faufilai hors du véhicule par la fenêtre cassée.

Friesen était toujours retenu par sa ceinture, tête en bas. Il avait une entaille à la tête et les yeux fermés. Je rampai vers lui et le trouvai inconscient mais en vie. Malgré la tentation de faire à ce salopard quelque chose d’encore plus douloureux, je le laissai tranquille. L’inconscience, c’était déjà bien assez.

Je passai quelques minutes à le fouiller ainsi que la camionnette en quête d’un téléphone portable. Évidemment, je n’en trouvai pas. C’aurait été trop simple. Je finis par renoncer et scellai les portières à l’aide de mes sorts de verrouillage les plus puissants.

Tout en fermant mon soutien-gorge et en reboutonnant mon chemisier, je regardai autour de moi. La camionnette avait atterri dans un champ. Quand j’atteignis la route, je m’arrêtai pour retrouver mes repères. J’avais une décision à prendre : regagner la maison ou aller chercher de l’aide ? Le choix paraissait évident, non ? Je ne suis pas débile. Je me rendais bien compte que la prudence me dictait de me rendre en lieu sûr, de réunir des renforts puis de délivrer chercher Savannah. Mais je ne pouvais pas faire ça. Pour l’instant, je savais encore où la trouver. Si j’allais chercher de l’aide, elle n’y serait peut-être plus à mon retour. Oui, c’était insensé, mais je devais y retourner.

Je m’enfonçai dans les champs, afin de ne plus être visible depuis la route, et entrepris à pied le long trajet menant à la maison. Que se passerait-il une fois là-bas ? Je l’ignorais. Si je pouvais secourir Savannah, je le ferais. Je comprenais bien qu’il était peu probable que j’y arrive seule. Si c’était impossible, peut-être pourrais-je lui envoyer un message, lui dire que j’allais revenir. Au minimum, je pourrais estimer la situation, aller chercher de l’aide, puis me dépêcher de revenir la surveiller à distance.

Nous avions dû parcourir au moins cinq kilomètres en voiture. Heureusement, Friesen n’avait pris qu’un virage et les routes étaient assez espacées pour que je puisse deviner où tourner.

Au bout d’un kilomètre et demi de marche à travers champs, j’entendis un moteur au loin et me figeai. Bien que je sois trop loin de la route pour être vue, je m’accroupis et attendis que le véhicule passe. C’était une camionnette de fermier qui roulait bien en dessous de la limite de vitesse. Lorsqu’il eut disparu, je me redressai et me remis en marche.

J’avais de nouveau parcouru un kilomètre et demi quand l’écho lointain d’un hurlement déchira le silence. Je me laissai tomber à terre. Les champs étaient silencieux. J’attendis une minute de plus, mais, comme tout restait calme, je me levai et entrepris de continuer, plus lentement cette fois.

J’avais avancé d’une centaine de mètres quand je vis une étendue boisée entourant ce qui ressemblait à une maison blanche à deux étages. Oui, je me rappelais bien la maison entourée des deux côtés d’immenses arbres à feuilles persistantes qui la protégeaient du vent. Avant que je puisse me mettre à courir, j’entendis des voix. Je me laissai de nouveau tomber à terre et demeurai étendue sur le ventre dans l’herbe haute.

— Pas question que je retourne là-bas ! s’écriait Sandford d’une voix stridente.

— Si je vous dis de le faire, vous allez m’obéir, répondit Nast, froidement et calmement.

— Pas question. À compter de maintenant, je n’appartiens plus à votre saloperie d’organisation. Je démissionne, vous avez compris ? Je démissionne !

— Vous êtes sous contrat.

— Vous savez où vous pouvez vous le carrer, votre contrat ? Je ne retournerai pas dans cette maison. C’est votre fille. À vous de la faire sortir.

Un cri aigu et un bruit sourd se succédèrent très rapidement. Puis le silence. Je m’approchai très progressivement jusqu’à voir les deux hommes à travers les arbres. Ils se trouvaient dans la cour latérale. Sandford, accroupi à terre, saignait par le nez et la bouche. Nast attendait à deux mètres de lui.

— S’il vous plaît, Kris, soyez raisonnable, dit l’avocat en se mettant en position assise mais sans faire mine de se relever. Vous me demandez de risquer ma vie pour une sorcière.

— Je vous demande d’aider ma fille.

— On se connaît depuis combien de temps ? Vous m’avez demandé d’accepter cette mission comme un service, et je l’ai fait. Maintenant, tout est parti en vrille, mais je suis toujours à vos côtés, non ?

— Vous serez bien récompensé de votre loyauté, Gabriel. Faites sortir Savannah de cette maison et vous recevrez une prime à six zéros.

Sandford passa une main ensanglantée sur sa chemise. Puis il leva les yeux vers Nast.

— Un bonus plus la vice-présidence. Avec un bureau au douzième étage.

— Au dixième étage… et j’oublierai qui était censé surveiller la sorcière quand elle a disparu.

Sandford se redressa et hocha la tête.

— Adjugé.

— Je veux qu’il ne lui soit fait aucun mal. Pas une égratignure. Compris ?

Sandford acquiesça de nouveau et se dirigea vers la porte d’entrée. J’attendis qu’il ait disparu puis filai vers les bois et contournai la maison pour rejoindre l’autre côté.

Magie De Pacotille
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